Visions de l’écologie

25/02/22

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On a pu s’étonner du dévoiement de maints dirigeants de EELV qui rallièrent, ces dernières années, soit la LREM (P. Canfin, De Rugy, Pompili, Pascal Durand, M. Orphelin,…) soit un gouvernement PS (Hulot) … On peut penser qu’ils se rallièrent au plus offrant ; en somme, qu’ils n’aient eu pour motivation que l’appât du gain, d’un meilleur statut (ministre, secrétaire d’État, député, etc…). C’est ce qu’en a pensé Yannick Jadot : pour lui, l’attrait vers le pouvoir de ces ex amis tient clairement à l’opportunité d’un bon poste : « avec Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili prêts à quitter le parti pour des fonctions de secrétaire d’État, une Emmanuelle Cosse capable de négocier son poste de secrétaire national EELV contre un ministère, un tel opportunisme ne s’est jamais vu dans un parti politique. » Mais courent-ils exclusivement vers leurs intérêts personnels et les honneurs ? N’ont-ils pas d’autres motivations ? On peut se poser la question car ils sont allés certes vers ceux qui sont parvenus au pouvoir mais pourquoi donc vont-ils principalement vers LREM ? Qu’est-ce que LREM a de si attirant pour ces cadres de EELV que tout devrait – a priori – séparer de leur engagement écologiste ?

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Observons que ce ne sont pas des cadres subalternes mais bien les maîtres de EELV qui ont abandonné le navire pour LREM. « les anciens eurodéputés EELV Daniel Cohn-Bendit et Jean-Paul Besset, maîtres d’œuvre de la percée de ce parti aux élections européennes de 2009 […] expliquaient en avril 2019 que ‘’ la liste LREM de Nathalie Loiseau et Pascal Canfin […] place la transition écologique au cœur de son identité, etc… ‘’. » (1) Il s’agit donc bien d’un alignement sans ambiguïté : ils reconnaissaient des positions défendues par EELV dans celles de leur nouveau parti macroniste. Et ceci choque d’autant plus qu’on croyait naïvement – principalement dans une gauche un peu extrême – que la distance était fort grande entre l’extrême-centre macroniste qui prône la croissance à tout va ainsi que la mondialisation, d’une part, et l’écologie politique, d’autre part, dont l’objectif semblait être – et semble encore pour certains – de renverser les tendances fondamentalement destructrices de notre société capitaliste.

Faisons un retour nécessaire sur l’histoire du mouvement dit « écologiste ».

La question est bien posée dans un article du mensuel « La Décroissance » : « marchant dans les pas des pères de l’écologie politique – Charbonneau, Ellul, Illitch, etc – les Verts ont-ils été à leur création un vrai parti contestant la société industrielle qui a ensuite mal tourné ? Ou bien le vert (sic) était-il dès l’origine dans le fruit ? » (2) Y a-t-il eu déclin des idées écolos qui donnaient au départ la direction au mouvement ou bien les idées libérales étaient-elles déjà dans les têtes – au moins de ceux qu’on retrouve à LREM ?

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Le mot est lâché : critique de la société industrielle. Aujourd’hui, il est clair que cette problématique passe complètement au dessus de la tête de (et dans) ce parti. Depuis les années 30 existe en France une critique de la raison technologique. Avec Jacques Ellul et Bernard Charbonneau notamment. Cette critique ne se disait d’ailleurs pas vraiment écologiste. Le mot n’a guère été utilisé dans son sens politique avant mai 68. « L’écologie entre en politique en France dans la décennie 1970. Elle s’inscrit dans la foulée des mouvements de contestation de l’ordre établi de la décennie précédente. » (3) Il s’agissait bien plus de motivations existentielles – une critique de nos modes de vie industriels – que politiques… bien qu’à l’époque « tout fût politique ». La contestation tous azimuts avait bien sûr, aussi pour objet, les destructions très observables du monde. Ainsi on assista dès l’après 68 à un retour à la terre. Cette période euphorique passée, le mouvement prit une tournure « partisane ». « Le début des années 80 signe l’échec de ces mouvements écologistes contestataires. Faute de gagner à eux une majorité de la population, ceux-ci auront au mieux bloqué certains projets mais certainement pas contrarié le développement économique. »

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Il y eut alors la création du parti « les Verts » en 1984. « Pour mener des politiques écologistes ne fallait-il pas, logiquement, que les écologistes occupent les institutions puisque nul ne le ferait à leur place ? Et, pour cela, aille aux élections avec un parti ? Pendant 10 ans, les Verts suivent une ligne d’indépendance politique ». Tout d’abord ni de gauche ni de droite dans un monde politique construit autour de cet affrontement fondamental. Cette période Waechter (4) de neutralité prit fin quand le parti écologiste sous l’impulsion de nouveaux dirigeants comme Voynet prit parti pour la gauche. Ce qui lui fut bénéfique et permit d’occuper des postes de responsabilité. De ministre à conseiller municipal, les membres du « parti » arrivaient au pouvoir avec l’aide de ses alliés du Parti dit Socialiste.

Cependant, comme le théorise encore avec pertinence la revue La Décroissance : « prendre le pouvoir d’État sans avoir aucun pouvoir concret, notamment économique et financier, et sans s’appuyer sur un rapport de force favorable dans la société, ne sert à rien. Le ou la ministre a son maroquin et sa voiture de fonction, et après …? Les investissements productifs sont toujours tenus par les actionnaires des grands groupes industriels et financiers, travaillant main dans la main avec les hauts fonctionnaires des grands corps d’état. »

En conséquence, « maintenir une stratégie d’occupation du pouvoir, assumer ce qu’elle est. D’où leur adhésion au libéralisme économique qu’il ne s’agira plus que « d’infléchir » dans le sens de l’écologie en lui donnant une couche de peinture verte via des mesures fiscales et réglementaires. » Telle devint la démarche du parti écologiste depuis cet alignement partisan. On n’est même pas sûr que ce passage au pouvoir – qui dure toujours, voir les maires écolos de grandes villes depuis les dernières élections – ait des conséquences en rapport avec les objectifs premiers. Notamment dans le cas de ces mairies conquises par les Verts ces deux dernières années, les premières décisions prises par les édiles sont grand-guignolesquement woke (interdiction des baisers donnés par des demoiselles aux vainqueurs de l’étape du Tour, érection d’un arbre synthétique en lieu et place d’un ‘vrai’ arbre de Noël, menus véganes, etc). Quand au virage écologique il fait parfois sourire allant parfois jusqu’à interdire des voiliers sur un lac sous prétexte de nuisances écologiques.

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Les temps changent. Et pas en bien. Le parti EELV est devenu une des officines de l’idéologie officielle des temps modernes : le « wokisme » (5). Et, sur ce terrain, il se retrouve avec (…précisément !) LREM. Qui l’eût cru ! En fait, les deux partis reprennent à leur compte l’idéologie progressiste en vogue qui s’accommode très bien du libéralisme économique et de la mondialisation. Loin, très loin du « Volem Viure Al Pais » des années 70 : pendant ces années-là le mouvement paysan défendait avec ardeur ses intérêts en y incluant une revendication à rester au pays, à ne pas être déraciné, loin de son métier, de sa terre et de ses traditions. Ce type de revendications ferait figure comparées à celles d’aujourd’hui de populisme rance, voire de fascisme ou de racisme avérés pour les plus déchaînés des « wokes ». Aujourd’hui, plus question de défendre son lieu de vie et sa manière de vivre, ils ne rêvent que de « protéger la planète ». Noble but.

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Ursule Von der Leyen & Greta Thunberg

Les jeunes gens qui sont dans cette démarche « woke » ne sont évidemment pas tous dans le parti des Verts mais ils en partagent le goût du déracinement. Seul compte pour eux la planète, le vécu local ne peut avoir la moindre intérêt. À l’image de la jeune Greta Thunberg qui parcourt le monde et surfe sur les poncifs « woke » que ses amis et conseillers viennent à peine de lui faire découvrir : « [la crise écologique] est une crise des droits humains, de la justice et de la volonté politique. Les systèmes d’oppression coloniaux, racistes et patriarcaux l’ont créée et alimentée. Nous devons les démanteler. Nos dirigeants politiques ne peuvent plus fuir leurs responsabilités. » On peut aussi faire entendre à cet endroit la voix d’un vieux mâle blanc qui voit dans « l’épidémie de coronavirus une …conséquence de la déforestation ». Il s’agit de Mélenchon qui prend la balle écologiste au (re)bond et attribue la paternité du coronavirus à la destruction du milieu naturel …pour faire plus « écolo » ! alors qu’il semble bien aujourd’hui que ce soit plutôt le système industriel qui l’a produit. En l’occurrence, le laboratoire de virologie de Wuhan en Chine. Ces écolos n’ont guère de lien avec la terre qu’ils font mine de défendre. Seule la vaste Terre a de l’intérêt pour eux, le monde est leur domaine ! Car bien sûr ces « cosmopolites » (6) sont citadins… tout comme les supporters de LREM !

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Ces braves jeunes gens sont, comme Greta, admirés par toutes les sommités du monde entier : des artistes en vogue aux journalistes célèbres, des politiciens blasés de la Commission Européenne aux Nations Unis. Sans parler bien sûr des contestataires en mal de repères qui trouvent là un peu de grain à moudre. Se préoccupent-ils des humains concrets de chair et de sang ? Est-ce que la condition de ces humains les intéressent ? On peut largement en douter. Savent-ils, par exemple, que les paysans du Chiapas se sont mobilisés contre l’État mexicain pour que continuent à vivre leurs coutumes, leur Histoire ? Que, réciproquement, leurs façons de vivre les aidaient à se rendre maîtres de leur sort, à rendre efficaces leurs luttes contre les multinationales et la dégradation de leur terre. De la même façon, les traditions millénaires des peuples kurdes de Syrie ont été une arme des plus efficaces dans leur combat émancipateur contre les islamistes de Daesh.

Non, évidemment, les jeunes hérauts de l’écologie sont étrangers à ces questions. Un jeune contestataire scandinave des manifs suédoises est bien plus proche des marcheurs espagnols, grecs ou américains que des paysans de son propre pays qu’il aurait pu croiser si, entre deux manifs, il s’était aventuré dans la campagne autour de la ville qu’il croit habiter.

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Pour en revenir au parti EELV, le bilan depuis qu’il existe est maigre. Reprenons ces phrases de la revue La Décroissance : « Le bilan de 25 ans de présence au pouvoir politique à tous les niveaux ( commune, département, région, sommet de l’État) ? À peu près nul. On peine à présenter une seule mesure vraiment importante considérant que les rares « victoires » traditionnellement mises en avant auraient sans doute été obtenues sans les écolos ( tel l’arrêt de Superphénix ou l’abandon du canal Rhin-Rhône ). Et surtout, les Verts au pouvoir auront été une formidable caution aux politiques de croissance qui, elles, n’ont évidemment jamais cessé. Par rapport aux ambitions radicales de l’écologie des années 1970, les Verts au pouvoir n’ont fait qu’avaler couleuvre sur couleuvre. » La quête d’une vie plus « naturelle », préoccupation de ceux qui s’engageaient dans un retour à la terre des années 70 à aujourd’hui, a été remplacée par le désir d’une vie administrée par (entre autres) le ministère de l’écologie – nous y sommes !

(1) nous nous référons plusieurs fois dans ce texte à l’article : les Verts, libéraux de toujours ou d’aujourd’hui ? de La Décroissance – novembre 2019 (pages 3 & 4)

(2) idem

(3) idem

(4) Antoine Waechter sera la figure de prou de cette période pour le mouvement Les Verts.

(5) woke = éveillé, en anglais. Ces gens s’éveillent à la conscience de la domination – ô combien blâmable – des blancs, hommes, hétérosexuels, etc sur …leurs opposés : ‘’racisés’’ (expression désignant tous ceux qui ne sont pas blancs, …plus précisément d’ascendance européenne), femmes (et autres …non binaires), homosexuels, transsexuels, etc.

(6) cosmos = le monde, et polites = citoyens. Citoyens du monde !

 

 

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03/04/2022

Ayant reçu une vidéo (visible à l’adresse https://youtu.be/hZGw4UOpbD8 ) qui faisait suite à une discussion sur le thème de la décroissance et de l’écologie politique, je l’ai commentée par le texte qui suit car le propos se prêtait bien au sujet que nous avions traité ensemble tout en s’insérant dans les visions de l’écologie dont il est question ici.

Remerciements donc à Mona, Thérèse, André, Pierre, Anita et Annie de me donner l’occasion de ces discussions et de ces réflexions.

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Tout d’abord, j’aimerais dire que la vie que mène la personne de la vidéo est intéressante en ceci qu’elle s’approprie ses moyens de subsistance. Au moins certains d’entre eux, nous y reviendrons. Il est clair que dans ce contexte, il mange ce qu’il cultive. Des légumes, des œufs. On doit noter la diversité et la richesse de son alimentation – une cuisine qu’il invente et produit lui-même – et tout cela me semble non seulement satisfaisant pour les convictions écolos qu’il semble avoir mais aussi pour l’esprit. Car pourvoir à sa subsistance doit être certainement plus intéressant que faire ses courses chez Lidl ou un équivalent.

Ensuite, comme la vie n’est pas faite que de ce qu’on mange on peut se questionner sur le reste. Il faut se loger, se vêtir pour parler du domaine de la (sur)vie biologique sans la quelle il n’y a pas de vie possible mais qui est peut-être l’alpha mais pas l’oméga et ne suffit certainement pas pour vivre vraiment.

Une première remarque : au fil des images on voit apparaître des pots de verre, des instruments métalliques, un presse purée, … bref des instruments qu’il n’a pas fabriqués lui-même. Il ne vit donc pas en entière autarcie (sans recours au monde industriel environnant) s’il a – et c’est remarquable – une autonomie dans l’alimentation qui tranche avec le commun qui ne se soucie guère de produire ce qu’il mange. Se loger ? Il en dit peu – on voit une cahute en branchages à un moment qui laisse penser à un confort assez sommaire. Se vêtir ? Il a les habits de tout le monde. Peut-être faits au Bengla Desh, en Chine,… Tout ça ne diminue pas son mérite car il ne dit jamais qu’il n’a pas recours à la société environnante. Simplement, il montre tout ce qu’il peut faire sans y avoir recours. Et c’est déjà énorme ! Je dirais même admirable.

Là où je suis moins pantois, c’est quand il vante sa solitude comme un bienfait. Soit, on peut avoir un caractère solitaire bien trempé et vivre seul sans se sentir mal. Mais les humains ne sont pas tous comme ça, loin s’en faut. L’homme est un animal social : « zoon politikon », disait Aristote. En faisant même référence à l’aspect politique, dirions-nous aujourd’hui. C’est à dire le fait de s’impliquer (et pas subir) la vie dans la société. Toute la pensée des grecs de l’Antiquité est élaborée avec cette idée que l’humain fait partie d’une cité (« polis ») …et s’y implique plus ou moins activement, que c’est le sens de son existence ! M’inscrivant dans cette lignée je n’adhère pas du tout par conséquent à cette satisfaction qu’est la sienne quand il dit : « je ne suis pas seul, je suis face à moi-même ! » Certes, stricto sensu, c’est une excellente chose d’être BIEN avec soi-même. Les humains des villes sont rarement aussi en accord avec eux-mêmes, entassés qu’ils sont dans leurs mégapoles ; et le fondement de l’humeur des modernes, c’est bien la mauvaise conscience de vivre comme on vit. On ne le dira jamais assez.

Ceci étant, encore une fois, la quasi totalité des humains ont besoin de rapports avec leurs semblables. Et d’un rapport qui ne relève pas seulement de la satisfaction des divers besoins mais de quelque chose d’essentiel parce que les gens sont essentiellement liés les uns aux autres. Cet aspect des choses semble échapper à notre vidéaste – le fait qu’il fasse des vidéos pour communiquer avec les autres prouve d’ailleurs assez qu’il y a, chez lui aussi, un besoin de rapport avec ses semblables. Ce qui est plus gênant, c’est qu’il semble le nier. Pourquoi ? On peut sans doute en l’écoutant trouver des indices. Il parle (peu mais clairement) de ses états de …conscience : « je vais dans l’astral et parfois l’astral ne suffit plus alors je vais au dessus… » dit-il vers la fin du document. On dirait que ce monsieur plane. C’est bien son droit. Mais enfin, quand on entend ces propos on décolle de la réalité ; et, si c’est SA réalité, ce n’est pas forcément la réalité commune. Or, précisément, c’est ce qui manque cruellement à tout cela. Se poser la question de ce qui NOUS arrive, de la façon dont le monde NOUS atteint, NOUS façonne et par certains cotés nous empêche de vivre pleinement notre humanité. Or, cela me parait une préoccupation plus que nécessaire à l’opposé de sa propension à …l’astral !

On pourrait l’inciter à se poser quelques questions : « Comment oublier le presse-purée que j’utilise et le moyen que j’ai de l’acquérir ? Avec de l’argent ? Alors, comment je le gagne ? Quelles sont les règles pour cela ? Et tous ces gens que je côtoie (forcément, peu ou prou), me sont-ils si étrangers ? Puis-je me contenter de passer devant ? Est-ce possible d’ailleurs ? La bienveillance qu’il ne manquera pas d’avoir envers eux, la sagesse qui émane de ses propos, de quel enseignement l’a-t-il tiré ? Ce n’est tout de même pas tombé du ciel ! »

La critique sociale qui prend forme quand on se pose – et surtout qu’on répond – à toutes ses questions, a certes besoin d’une recherche pratique d’autonomie pour éviter de toujours retomber sur les mêmes impasses : le travail mécanisé, robotisé et ‘‘protocolisé’’ (on l’a vu avec l’affaire du covid : port du masque obligatoire, confinement obligatoire, injection quasi obligatoire,…) qui nous déshumanise – en nous isolant des autres justement, nous considérant comme de simples éléments d’un grand tout – autant que la consommation compulsive. Il y a surtout l’implacable ‘‘machinerie sociale’’ si omniprésente qu’elle en devient pour beaucoup invisible… Si on a le souci de ne pas être « des producteurs-consommateurs qui ne feraient que fonctionner efficacement « dans un monde d’appareils », de simples moyens à un système de machines » (1) la ‘‘présence’’ des autres auprès de nous tient autant de la nécessité que du plaisir voire de la jouissance parfois. Et donc, si l’on veut bien chercher des réponses, la pensée a besoin d’une approche théorique, d’une culture historique, politique, irriguant les liens avec nos contemporains. Les questions sociales et politiques sont alors abordées en commun et les diverses solutions peuvent être entrevues, expérimentées avec un plus grand recul que permet la diversité des points de vue et, d’autre part, une mise en commun pratique. C’est bien sûr aussi cela qui nous rend plus humains, nous autres animaux sociaux qui ne pouvons trouver notre individualité qu’à l’intérieur d’une collectivité (2).

 

(1) Gunther Anders, cité dans la Décroissance, n° 188- avril 2022, p 14.

(2) Karl Marx – L’idéologie allemande.

( à suivre )